Dans la continuité de la mobilisation pour la campagne sur le travail étudiant commencée à l’automne, et pour donner suite à la victoire relative de la grève des stages et internats coordonnée par la FIDEP, nous avons cru bon tenter le coup de lancer des votes de grève d’une journée dans les programmes avec stages obligatoires non rémunérés. Il était annoncé depuis la fin novembre que le Rendez-vous national sur la main-d’oeuvre serait reporté aux 16 et 17 février; ce sont les dates que nous avons choisies pour la grève. L’objectif était de provoquer l’événement pour parler de rémunération des stages et, plus largement, de reconnaissance du travail étudiant. Cela nous permettrait de faire cheminer l’idée du décloisonnement des luttes par programme pour la rémunération des stages et de l’élargir à tous les programmes avec stages, de tous niveaux d’études. Mais cela allait également nous permettre le lancement d’un ballon d’essai : inclure les stagiaires aux mandats de grève étudiante, qui d’habitude en sont exempté.es.
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13 janvier
L’Assemblée générale de l’ADEESE du 13 janvier nous a permis de faire le test et le résultat a été positif : le mandat est adopté tel quel et l’appel à la grève des stages pour la manifestation en marge du Rendez-vous national sur la main-d’oeuvre est bien repris dans les médias bourgeois et dans quelques bulletins syndicaux. On saura par la suite que quelque 30 000 étudiant.es seront en grève ce jour-là, dans onze associations et dans cinq régions administratives. Le mot d’ordre pour la grève des stages, bien qu’il sera moins repris, fera écho dans différente régions, dont à Sherbrooke et à Gatineau.
Le choix de la date du jeudi 16 février plutôt que du vendredi 17 venait d’une information fournie par des exécutifs de l’AFESH, selon lesquels les groupes communautaires de Québec et le FRAQ avait choisi cette date. Nous nous y sommes ralliées, même si nous savions que le Rendez-vous commençait seulement en fin de journée le jeudi et que le vendredi aurait sans doute faciliter la mobilisation à l’extérieur de la Capitale nationale.
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18 janvier
Dès la publication sur Facebook de l’appel à la manifestation et à la grève du 16 février, nous avons reçu, en pleine nuit, un message de la part d’un militant du FRAQ demandant le retrait de l’évènement, en échange d’un droit d’administrateur sur le leur, qui n’était alors pas encore publié. Il était illogique pour nous de jeter à la poubelle le matériel préparé durant les fêtes, incluant le texte d’appel en français et en anglais. Nous avons refusé en proposant plutôt de mobiliser chacun dans nos réseaux avec le matériel de notre choix, et de nous entendre sur des éléments logistiques de base pour ne pas dédoubler la manifestation. Nous avions eu une expérience similaire avec À la rue Montréal pour le rassemblement/manif du 2 novembre dernier, dans le cadre de la journée pan-canadienne contre les frais de scolarité, et tout s’était très bien passé.
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19 janvier
Nous avons participé, le lendemain, à une rencontre organisée par l’AFESH en vue de régler les aspects logistiques de la manif du 16 février. Une réunion du CUTE UQAM était prévue la même journée, dans le cadre de laquelle nous avons pu préparer des propositions, de paire avec l’ADEESE, le Comité féministe en Éducation de l’UQAM et autres militantes.
On retrouvait dans la réunion organisée par l’AFESH des exécutifs d’associations facultaires de l’UQAM, comme l’ADEESE, l’AFESPED, l’AFEA, l’AFESH, et de l’UdeM comme l’AEAUM; des exec de l’ASSÉ, une militante du Front régional de l’ASSÉ à Québec (FRAQ); et enfin des militant.es du Mouvement étudiant révolutionnaire (MER) et du CUTE UQAM.
De prime abord, la militante du FRAQ réitère la demande à ce qu’il n’y ait qu’un seul événement Facebook, ce qui implique qu’on retire le nôtre, le leur venant tout juste d’être publié. Elle demande également à ce que le FRAQ soit l’organisateur unique de la manif, puisque la manifestation avait lieu à Québec. Nous avons convenu que la logistique terrain (trajet surtout, mais aussi sécurité, médics, etc.) soit pris en charge par le FRAQ, mais nous avons encore une fois refusé de retirer l’évènement et d’utiliser le matériel de l’ASSÉ. Heureusement, d’ailleurs, puisque ce dernier n’a jamais vu le jour, même si l’exécutif de l’ASSÉ nous a assuré qu’un tract sur le Rendez-vous national sur la main-d’oeuvre allait être diffusé dans les jours qui suivent. Nous défendons encore une fois la pluralité des appels, qui permet de mobiliser des réseaux différents et surtout de faire du travail politique cohérent (l’ADEESE et CSU ont d’ailleurs elles aussi fait leurs propres événements, le MER a quand à lui a fait son propre tract, et il n’y a pas eu de débat à cet effet). Si des CUTE ont été mis sur pied, ce n’est certainement pas pour faire office de comités de mobilisation de l’ASSÉ, sans quoi nous en serions encore militant.es.
Nous nous entendons également sur l’heure de départ de la manifestation : 14h00. Le FRAQ désire organiser le rassemblement entre 11h00 et 20h00, mais nous voulons avoir un moment de rassemblement commun, en tenant compte de certaines contraintes:
a) Piquets de grève le matin;
b) Donner le temps aux autobus de différentes régions de se rendre sans devoir partir trop tôt;
c) Ne pas quitter Québec trop tard pour les gens qui sont en stage le lendemain.
Pour le point de départ et le trajet, la militante du FRAQ dit en prendre la charge, en spécifiant que le trajet ne sera pas donné à la police. Elle ne connait toujours pas le lieu du Rendez-vous national sur la main-d’œuvre et donc n’a pas décidé du trajet.
Un exécutif de l’AFESH propose également d’appeler à une semaine de mobilisation contre la précarité étudiante pour mobiliser en vue de la manifestation, mais la proposition n’est pas retenue. Nous soutenons qu’il est davantage souhaitable de se concentrer sur la rémunération des stages, pour une fois. Nous croyons également que ce genre d’appel sert essentiellement à centraliser les communications, de manière à récupérer des initiatives avec des revendications et stratégies qui elles, sont diversifiées.
Pour les autobus de Montréal, nous convenons que l’ADEESE se charge des réservations et qu’elle invite les associations à se joindre à elle pour les dépenses. Nous avons discuté d’un départ au carré Berri et un à l’UdeM. Pour l’info sur les autobus, nous nous entendons que les liens pour l’inscription soient affichés sur les différents évènements Facebook. Pour les autobus des autres régions, les CUTE assurent la communication.
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25 janvier
En AG de l’AFESH, nous apprenons que le FRAQ a l’intention de modifier unilatéralement l’heure de la manifestation. Il est sous-entendu qu’il faut donc choisir entre deux manifestations distinctes annoncées à 30 minutes d’intervalle, entre “celle des CUTE” et celle organisée par le FRAQ, qui promettait “des centaines de personnes de Québec”. Le libellé de la proposition du militant de l’ASSÉ est identique à celui de la proposition que nous avions fait inscrire au cahier de proposition de l’AG, à l’exception de la revendication pour la rémunération de tous les stages qui en a été complètement retirée (!), et remplacée par la revendication pour un salaire minimum à 15$/h. La proposition est toutefois amendée pour y inclure la revendication initiale et les discussions en viennent préciser qu’il n’y a qu’une seule manifestation organisée à Québec : le 16 février, à 14h00.
Face à la confusion contre-productive créée par ce changement, nous communiquons le lendemain avec le FRAQ pour avoir des précisions.
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30 janvier
Le 30 janvier, le FRAQ nous confirme qu’une réunion d’organisation, qui vient tout juste d’avoir lieu à Québec, a décidé que le départ de la manifestation est bel et bien prévu à 13h30. Le lieu de départ nous est aussi communiqué (parc de la Francophonie), de même que l’information selon laquelle tous les groupes le désirant pourront prononcer un discours. Considérant que la mobilisation se déroule déjà depuis bientôt deux semaines selon l’heure déterminée précédemment (14h00) et pour minimiser la confusion, nous avons conservé l’heure initiale (on a ignoré ce combat de coq, bref). D’ailleurs, nous avions déjà affiché et mobilisé des gens dans quatre régions, nous n’allions pas recommencer le travail pour un écart de trente minutes.
Plusieurs autres informations de base manquaient toujours : lieu où se termine la manifestation pour le communiquer aux compagnie d’autobus lors de la réservation, le moment et le déroulement des discours, si du matériel audio allait être disponible, si des médics étaient prévus. À la suite des échanges du 30 janvier, jamais le FRAQ n’a communiqué avec nous directement.
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8 février
Nous participons à la seconde rencontre de coordination des autobus organisée par l’ADEESE. Nous y diffusons notre matériel de mob pour les différentes asso. Nous apprenons que l’ASSÉ ne contribuera pas financièrement à la location d’autobus; ce sera plutôt des associations membres en grève qui participeront, comme l’AFESH et l’AFÉA, ou pas en grève comme la SOGEECOM. Nous n’avons toujours pas de retour sur les informations logistiques demandées.
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13 février
Après plusieurs demandes à l’exécutif de l’AFESH, qui a pris la responsabilité d’assurer les communications avec le FRAQ, pour avoir les informations logistiques, par l’exécutif de l’ADEESE surtout, nous changeons de stratégie. Nous tentons d’entrer en contact directement avec des militant.es du FRAQ, et nous voulons leur parler au téléphone. Une conversation de trois minutes suffirait. Un militant du RÉSUL et du comité aux luttes sociales de l’ASSÉ aide à faire le lien, mais les militant.es du FRAQ refusent de nous parler. Le militant dit qu’il a l’impression de les avoir froissé.
Vraisemblablement, aucune démarche n’avait été entreprise auparavant. Par l’entremise d’un exec de l’AFESH et d’un militant du RÉSUL, on nous a transmis l’information selon laquelle ces questions constituaient de l’ “ingérence de Montréal’’ et que les militant.es du FRAQ ne s’adresseraient qu’aux principaux intéressés, ce qui ne semblait pas inclure les gens qui mobilisaient et coordonnaient des autobus dans d’autres régions que la Capitale nationale : à Sherbrooke, à Gatineau, à Saint-Jérôme, à Montréal.
C’est seulement à la suite d’échanges houleux avec un exec de l’AFESH que nous avons eu les informations demandées, vers 23h en soirée. Nous prenons connaissance de son contenu le lendemain. Le message ajoute que le trajet de la manifestation avait été fournie au Service de police de la Ville de Québec. Devons-nous comprendre que le SPVQ est davantage concerné par la logistique de la manif que les CUTE et les exécutifs des associations en grève? On pourrait le croire puisqu’il a reçu plus d’information que nous.
Puisqu’il s’agit de la dernière journée pour annuler les autobus sans pénalité, nous nous entendons pour conserver sept autobus qui partent de Montréal : cinq à Berri-UQAM, un à l’UdeM et un au Cégep Marie-Victorin. On constate d’ailleurs que l’information concernant les autobus n’a jamais été ajouté à l’événement du FRAQ.
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16 février
Nous estimons à trois cent le nombre de manifestant.es mobilisé.es pour la manif. Peu de militant.es nous attendent à Québec. Il ne semble pas y avoir de bannière de tête préparée par le FRAQ, finalement. C’est une bannière des CUTE et une bannière du comité féministe en Éducation de l’UQAM qui prend la tête. Plusieurs se plaignent du service d’ordre, trop encadrant. Par exemple, deux membres du service d’ordre se tenait devant, collé.es sur chacune des bannières de tête, pour réguler la vitesse de la manifestation ou donner l’impression au SPVQ que la manifestation était bien encadrée. La seule chose qui les ait fait décoller, c’est lorsque les militantes qui tenaient les bannière ont entrepris quelques pas de plus à la toute fin, ce qui a légèrement agité l’escouade tactique.
Les discours sont très bons. Une militante du FRAQ en soins infirmiers vient parler de sa condition d’étudiante et de ses critiques de la marchandisation de l’éducation. Plusieurs discours de la part d’étudiant-es en éducation à Montréal, dont certain-es en grève des stages. La militante du CRIS UQO fait un bon slam et le MER fesse sur une piñata sans bonbon.
On constate que le trajet est très court et qu’il n’y avait aucun enjeu à ce que le départ soit à 14h00 plutôt qu’à 13h30. En fait, la manifestation s’est même terminée une heure avant l’horaire prévu. Nous constatons également que le Rendez-vous national sur la main-d’œuvre ne dure que de 16h00 à 18h30 le jeudi (suivi d’un coquetel!) et de 8h00 à 15h30 le vendredi.
On constate enfin que l’ASSÉ et le FRAQ sont presque absents de la couverture médiatique du jour.
===== **Leçons apprises**- Privilégier la diversification du matériel de mobilisation a été une bonne idée. Attendre le matériel de mobilisation de l’ASSÉ, qui n’a finalement jamais vu le jour, aurait compromis la mobilisation.
- Décentraliser la prise de parole dans les médias au niveau régional a grandement élargi la portée de la revendication, de même que la visibilité de la manifestation et de la grève.
- Le chauvinisme régional ne sert qu’à justifier le sabotage et n’a rien de progressiste. La dynamisation du mouvement passe par sa décentralisation réelle et non par la translation d’un centre “national”, de Montréal vers Québec.
- Privilégier le vendredi pour la manifestation aurait pu favoriser une plus grande mobilisation. Cela dit, l’aspect symbolique de l’ouverture du Rendez-vous national sur la main-d’oeuvre avait aussi son importance.
- La prochaine collaboration avec l’ASSÉ ou avec l’une de ses composantes, si l’occasion se présente, se fera sous des conditions des plus strictes, ou ne se fera pas.
Comité unitaire sur le travail étudiant de l’UQAM
adopté pour publication le mardi, 11 avril 2017.