REPRÉSENTATION ET INCLUSIVITÉ

Réponse critique aux demandes d’inclusivité des espaces autonomes

La campagne pour la rémunération des stages a su briser bien des schèmes du mouvement étudiant traditionnel, que l’on pense à l’injonction à prendre part aux espaces informels pour avoir accès aux prises de décisions, aux violences quotidiennes de voir les enjeux féministes sans cesse relayés en fin d’ordre du jour ou encore la banalisation des violences à caractère sexuel et sexiste. L'organisation de la grève en dehors des structures étudiantes traditionnelles était novatrice : c’est par le biais des Comités unitaires sur le travail étudiant (CUTE), des Comités pour la rémunération des internats et des stages (CRIS) et des coalitions régionales formées à Montréal, en Outaouais, à Sherbrooke, à Québec et dans les Laurentides que s’est orchestrée la mobilisation sur les campus. Ces espaces ont été pensés pour réunir à la fois des militant.e.s de groupes autonomes tels que les CUTE ou les comités féministes, des représentant.e.s de groupes d’intérêts comme les associations étudiantes ou encore toute personne participant sur une base individuelle. C’est à travers ceux-ci qu’ont été discutées et débattues les stratégies de mobilisation et d’élargissement de la campagne. La rémunération des stages concernant majoritairement des programmes typiquement féminins, la campagne fut organisée principalement par des femmes, et la nécessité d’assurer que les enjeux féministes définissent la lutte s’est imposée.

Malgré ces structures organisationnelles que nous voulions ouvertes, plusieurs groupes et individus ont refusé d'y participer en adressant des critiques quant aux discours et aux décisions stratégiques qui y étaient adoptées. Parmi ces critiques, certaines n’ont pas été rendues publiques, d’autres ont été nommées de façon anonyme et peu ont abouti dans les espaces mis en place pour débattre de l’organisation de la campagne. Dans ce texte, nous souhaitons exposer et répondre aux critiques en lien avec l’inclusivité qui ont été adressées aux militant.e.s du CUTE UQAM, groupe auquel nous avons participé durant la campagne pour la rémunération des stages. Cette réflexion s’effectue à partir d’une perspective de personnes marginalisées et invisibilisées[1] dans le mouvement étudiant et tente de contribuer aux débats importants que suscitent ces enjeux pour nos luttes futures, tant dans le mouvement étudiant que dans nos milieux de travail. Ce n’est pas dans le but de régler des comptes que nous écrivons ce texte aujourd’hui, mais bien dans une volonté d’appel à la mobilisation dans le champ de la reproduction sociale[2] et du travail gratuit. Nous pensons qu’il est essentiel que les personnes opprimées de multiples façons se sentent concernées par cette revendication puisqu’elles sont les principales exploitées dans le système capitaliste.

L’uqamocentrisme[3] n’est pas inclusif

En novembre 2018, les assemblées générales de plusieurs associations étudiantes au Québec ont voté une semaine de grève. À Montréal, cette semaine s’est conclue par une assemblée de bilan à laquelle les militant.e.s des différents campus de la région étaient invité.e.s à l’UQAM pour tirer des leçons de la semaine et pour discuter des stratégies à adopter dans une perspective d’escalade des moyens de pression. Lors de cette rencontre, certain.e.s étudiant.e.s de l’UQAM ont mis de l’avant la blancheur du mouvement. Cette critique était accompagnée d’un refus de participer à la campagne tant que ses espaces d’organisation ne les représentaient pas. En réponse, une militante du CUTE UQAM mentionnait que la mobilisation dans les cégeps était une des principales clés pour rendre le mouvement plus diversifié, en raison de la forte proportion de personnes racisées et immigrantes dans les programmes techniques, mais que trop peu de personnes s’y consacraient. Cette idée a été balayée du revers de la main, en rappelant qu’on parlait ici de l’UQAM.

Cet échange représente bien un des points de tension rencontrés durant la grève à l'UQAM. En évitant les espaces d'organisation ouverts et en s'intéressant uniquement aux dynamiques uqamiennes, nous sommes d'avis que ces critiques ont manqué l'opportunité que représentait la grève pour la rémunération des stages. Celle-ci avait la capacité de rallier des personnes mises de côté par les mouvements traditionnels de grève étudiante et d'éviter, justement, le repli dans l'enceinte universitaire. Nous croyons que l’université ne peut être posée comme seul lieu d’analyse de l’inclusivité du mouvement de grève. D’abord, parce que cela sous-entend qu’elle est le lieu décisionnel du mouvement étudiant, là où tout se joue. Ensuite, parce qu'on évite alors d’interroger les structures mêmes qui font que l’université est blanche et privilégiée. Les stagiaires qui s’y organisent et prennent la parole ont de ce fait plus de chances de l’être.

Comme Juno Mac et Molly Smith l’évoquent par rapport à l’organisation politique des travailleuses du sexe, il faut aller plus loin que simplement cibler un mouvement de privilégié.e.s pour sa non-représentativité et interroger les structures qui causent ces iniquités dans les prises de paroles publiques :

The few [sex workers] that remains [...] are often dismissed as privileged, unrepresentative, or ‘high-class’ outliers, but rarely are the structure within sex work properly interrogated at the material level. It’s accurate to say broadly that the demographic within sex work politics most often given a substantial platform to speak publicly dovetails with the group that lives in metropolitan cities, commands higher rates, has access to more ressources, and suffer the least criminalization, but it is egregious oversight to leave the analysis there. Why are these people the only voice you are hearing? What structures are silencing to others? The mechanisms that produce the silence, precarity and vulnerability of most sex workers are not natural or fundamental to society, just as class itself is not natural[4].

Dans le cadre de la campagne pour la rémunération des stages, il aurait donc été intéressant de réfléchir à l'inclusivité en observant les difficultés rencontrées durant le travail d'élargissement dans les cégeps, et particulièrement dans les programmes techniques. On aurait pu, par exemple, questionner certains blocages par des permanent.e.s salarié.e.s d'associations étudiantes ou encore la façon de ridiculiser la campagne à travers des pages de memes. Ce mépris de classe est à l’image des dynamiques qui se reproduisent sur les milieux de travail et hors de ceux-ci, par exemple entre les technicien.ne.s et les professionnel.le.s. Ce refus de se solidariser, alimenté par le corporatisme professionnel, mine nos capacités d’organisation. Comment pouvons-nous espérer construire des mouvements dans nos futurs milieux de travail si avant même d’avoir gradué.e, nous tournons le dos aux futur.e.s technicien.ne.s et gens de métiers?

De la même façon, s’il est impératif de rappeler le problème de la blancheur du mouvement étudiant francophone, il nous apparaît paradoxal de critiquer un groupe qui s'organise dans et contre l'université sur la base de son manque de représentativité. Les étudiant.e.s de l'université ne sont pas représentatif.ve.s de l’ensemble de la société : tout au long de la campagne, il a été question du rôle de l’université, en tant qu’institution, dans la reproduction des inégalités déjà présentes dans la société, à laquelle participent les stages non rémunérés. Nous avons voulu rompre, justement, avec une vision idéale de l'université non marchande, qui alimente le mythe selon lequel la gratuité scolaire nous rendrait tout.e.s égales et égaux.

Plus encore, il y a là un paradoxe d'exiger une forme de représentativité au sein des comités autonomes : les militant.e.s ne représentent qu'elles et eux-mêmes et ne prétendent pas autrement. Pour y être représenté.e, il faut donc s'y impliquer. C'est pour cette raison que les structures permettaient, en théorie, à toutes les personnes impliquées de participer à la définition de la lutte et à la prise en charge du discours. La voie était ouverte pour que d’autres groupes politiques autonomes, comme les groupes de personnes racisées déjà organisés sur les campus, participent à la réflexion et à la mobilisation. Cependant, le réflexe d’aborder l’inclusivité en tant que demande n’est pas surprenant : il s’agit d’une conséquence de la façon dont s’est traditionnellement organisé le mouvement étudiant, et plus largement le mouvement syndical et la politique en général, c’est-à-dire par la démocratie représentative. Alors que les critiques se sont concentrées sur l’aspect visible de l’inclusivité, soit dans les médias et dans la composition des espaces d’organisation, rappelons qu’il y a tout un travail acharné de la part des militant.e.s à rendre ces espaces inclusifs. Suivant la division genrée du travail qui n’échappe pas aux espaces d’organisation étudiants (incluant ceux qui ont servi à la présente grève), ce travail d’inclusivité sera plus souvent qu’autrement relégué aux femmes et aux personnes marginalisées. Organiser un service de garde, planifier un atelier sur l’intersectionnalité ou un camp de formation pour que tout.e.s puissent participer également, s’assurer qu’un espace soit accessible : ces tâches sont rarement prises en charge par les allié.e.s et quand elles le sont, les résultats sont souvent décevants, iels n’ayant pas le savoir expérientiel pour prendre en charge ce travail correctement. Aussi essentiel ce travail soit-il pour le mouvement, il en résulte une fatigue supplémentaire pour nous qui tentons de faire des liens entre nos oppressions spécifiques et la lutte, souhaitant voir nos communautés s’investir davantage à nos côtés, sans que cela ne suffise. On peut donc comprendre le choix de déserter ces espaces parce qu’on ne souhaite pas investir du temps et de l’énergie dans l’abolition des obstacles à l’inclusivité. Toutefois, il est alors évident que le mouvement ou les espaces ne représenteront pas la diversité et la complexité des identités.

Se réapproprier le discours

Paradoxalement, les tentatives de rapprochement avec d’autres groupes qui s’organisent contre l’exploitation de leur travail où se retrouvent davantage de personnes racisées ont été critiquées comme une tentative d’appropriation. Par exemple, une exécutante de l’Association facultaire étudiante des sciences humaines de l’UQAM a fustigé deux militantes de faire un lien ténu dans leur article entre les luttes des travailleuses du sexe, des travailleuses migrantes et des stagiaires, sous le prétexte qu’il s’agissait d’une appropriation des luttes sans que des liens réels n’aient été créés avec les femmes qui vivent ces enjeux. Ou encore, le refus de certain.e.s militant.e.s à la Coalition montréalaise d’envoyer une lettre de solidarité aux enseignant.e.s-stagiaires gabonais.e.s en grève, sous le motif que le contexte national rendait la situation de ces grévistes fondamentalement différente de la nôtre.

Selon nous, proposer une analyse et chercher à créer des ponts entre les luttes n’est pas en soi un signe d’appropriation. Bien au contraire, c'est à partir d'une analyse sur la division internationale du travail[5] que des liens ont été créés tant sur le plan local qu’à l’international sur le terrain de la reproduction sociale. Il s'agit là, selon nous, d'une façon de reconnaître l’organisation et le travail politique mené par d’autres groupes, dont plusieurs sont composés en plus grand nombre de femmes, de personnes racisées et de personnes marginalisées, tout en respectant leur autonomie[6]. L'inégalité de statut ou de privilèges d'un groupe par rapport à un autre ne devrait pas anéantir toute possibilité de collaboration, et plus encore de reconnaissance. C'est à partir de ce point de départ que nous voulions sortir des murs de l'université. Le mouvement étudiant s’est trop souvent cantonné à défendre les intérêts élitistes d’une éducation soi-disant « non marchande », dédaignant ainsi les programmes « professionnalisants » et techniques, où on retrouve davantage de personnes racisées, de personnes qui font un retour aux études et des parents étudiants. Mener la lutte au sein de ces programmes typiquement féminins signifiait du même coup créer de liens théoriques féconds avec les luttes dans le champ du travail reproductif, entre autres avec les travailleuses du sexe et les travailleuses migrantes.

À notre avis, l’accusation de n’avoir aucun point en commun avec ces luttes pose également problème à plusieurs égards. Premièrement, parce qu’à chaque fois qu’on dit que les personnes racisées, queer, en situation de handicap n’existent pas dans le mouvement, cela contribue à nous invisibiliser, nous et plusieurs autres, en tant que personnes minorisées, ainsi que le travail acharné que nous effectuons. Cette demande sous-entend la nécessité de nous exposer nous-mêmes et notre vécu, alors que nous pensons qu’il serait illégitime de se poser en tant que «représentant.e» d’une identité. Nous rejetons l’injonction de devoir s'afficher pour avoir le droit de parler de ces luttes. Malgré tout, plusieurs l'ont fait, en parlant par exemple, de racisme durant les stages en soins infirmiers[7], des pressions au cis-straight passing en stage[8] ou encore des difficultés de la conciliation travail, études, famille[9]. Plus encore, presque toutes les personnes impliquées dans un comité autonome, qu’elles soient racisées, trans, parents, handicapées, ont pris la parole publiquement dans les médias, les assemblées générales, les ateliers de formation ou dans des textes diffusés largement. Peut-être les avez-vous ignoré.e.s ?

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Grève des femmes ou la grève d’être une femme

L'usage des discours et des slogans sur la grève des femmes a également été critiqué puisqu'elle refléterait la binarité de genre, invisibilisant le travail des personnes queers, trans et non-binaires dans le mouvement. Les personnes ayant partagé ces commentaires n'ont toutefois pas su dépasser le stade de la critique. Aucune analyse plus inclusive n'a été proposée ou encore produite de manière autonome aux CUTE.

Pourtant, les questions tant de la transition que de la performance de genre ont été théorisées comme un travail de reproduction et se sont inscrites dans le mouvement de grève des femmes dans d’autres contextes. À l’occasion de la grève sociale du 14 novembre 2014 en Italie, le Collectif SomMovimento NazioAnale mettait de l’avant les liens entre le travail du care, le travail domestique, la performance des genres et l’exploitation des corps sous le capitalisme dans son texte Grève sociale: grève du/des genre/s.

Les rôles de genre ne sont pas que deux : d’autres ont émergés [sic] et peut-être le premier à s’en rendre compte a été effectivement le capital. Dans la crise, beaucoup de femmes, gouines, trans* et tapettes semblent se trouver dans un paradoxe strident : très souvent discriminé*s et invisibilisé*s, quand elles ne sont pas exclu*s du marché du travail, iels se retrouvent à être recherché*s et exploité*s exactement en tant que femmes, ou queers. Cela montre clairement que la précarité, la méritocratie et les critères de sélection, en plus d’être généralisés, sont aussi et surtout genrés. [...] En tant que gays, gouines, trans*, queers et personnes qui ont un état relationnel inclassifiable par rapport aux modèles de la « famille » ; on suppose que nous avons des liens qui nous font dérailler du dévouement au travail, alors qu’il nous est demandé de plus en plus d’extraire de la plus-value de nos réseaux de relations pour ensuite l’offrir à l’entreprise. En tant que trans*, nous sommes encore exclu*s du travail ou inclu*s dans des rôles hypersexualisés[10].

Lou Hanna, militante trans et chercheuse indépendante, quant à elle, revendique la transition comme un travail et va même jusqu’à revendiquer un salaire pour celle-ci. Tout comme nous, cette dernière est critique de l’injonction à la représentation qui sera toujours appropriée par le capital «pour imposer un certain modèle de la personne trans, à savoir blanche, bourgeoise et dont le parcours reste « classique » et correspond aux normes de féminité et de masculinité hégémoniques»[11]. La perspective du travail quant à elle permet de :

revendiquer la nécessité politique de ne plus dépendre du corps psychiatrique, médical, judiciaire papa-patron et par conséquent, comme l’écrit très justement Sam Bourcier dans Homo Inc.Orporated, cette revendication devrait être le point de départ pour « refuser le travail et contrer les divisions inhérentes à l’organisation capitaliste du travail », faire la grève du genre et expérimenter un autre rapport au genre en tant que construction et à long terme viser à son dépérissement[12].

Selon nous, ces perspectives sont intéressantes pour dépasser le repli sur l'identité de genre, car en s’inscrivant dans le mouvement de grève du genre, elles permettent de tisser des liens avec d’autres luttes de travailleuses.eurs. D’ailleurs, il n’est pas un hasard que le mouvement trans au Québec, comme ailleurs, met de plus en plus de l’avant la revendication de la décriminalisation du travail du sexe[13]. Cette revendication parle des besoins matériels d’une communauté dont la part la plus privilégiée a délaissé ces revendications au profit de revendications plus libérales qui leur permettraient d’être inclus.e.s dans les institutions patriarcales et capitalistes comme le mariage.

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Plus qu’une demande, une tentative d’organisation

Bien sûr, nous savons bien que des structures ouvertes ne sont pas suffisantes pour garantir une lutte réellement inclusive. On pourrait toujours souhaiter voir les intérêts des personnes racisées, queer/trans et handicapées mis davantage de l’avant, mais sans une volonté de s’organiser, ce travail finira toujours par être individualisant et tokenisant[14]. C’est pourquoi nous proposons plutôt de placer, en opposition à l’inclusivité en tant que demande, l’inclusivité en tant qu’organisation et prise en charge du discours.

En ce sens, prendre le contrôle de la lutte en s’organisant en de multiples comités autonomes, hors des instances basées sur la représentation, reste selon nous la meilleure façon de s’organiser selon nos intérêts, que ce soit à l’intérieur du mouvement étudiant ou ailleurs. C'est à travers l'organisation collective que nous pouvons créer des espaces de luttes fertiles, mais également contrer les dynamiques informelles, des Ostis de gros partys[15] aux discussions privées, qui nous exposent encore une fois à davantage de violence. Alors que les organisateur.rice.s se sentent peu concerné.e.s par les contrecoups de ces espaces informels, on constate qu’une grande part des énergies des personnes marginalisées sont souvent mises à adresser les violences qui y sont vécues plutôt que de s’organiser, ce qui constitue un facteur d’épuisement. C’est pourquoi nous nous opposons fermement à ce que la lutte passe par de telles pratiques. Évidemment, les violences du quotidien, les traumas, la souffrance, la fatigue et le burn-out seront toujours des obstacles à l’organisation, surtout dans un contexte de marginalisation. Il n’est jamais facile de prendre la parole publiquement et c’est d’ailleurs pourquoi l’organisation devient nécessaire.

Alors que les appels à la grève des femmes se multiplient, organisons-nous pour que celle-ci soit aussi la grève du genre; la grève des travailleuses migrantes contre les violences, la précarité et l’appropriation de leur travail par l’état colonial; la grève des travailleuses du sexe pour la décriminalisation et l’inclusion de ces dernières dans les protections autrement garanties aux travailleur.euse.s salarié.e.s... la grève de toutes celles dont le travail gratuit n’est pas rendu assez visible par les mouvements existants. N’attendons pas que nos revendications et notre représentation soient prises en charge par d’autres, car l’inclusion de nos espaces d’organisation et notre représentation dans le discours ne sera jamais mieux garantie que par nous-mêmes.

Ne nous représentez pas, on s’en charge !

Par Sandrine Belley, Chloé Cabral et Mathilde Laforge


  1. Les personnes qui ont écrit ce texte s’identifient respectivement comme racisée, non-binaires et/ou travailleuses du sexe. ↩︎

  2. Le travail reproductif consiste à l’ensemble du travail nécessaire à l’entretien et au renouvellement de la force de travail: tâches domestiques, soins aux enfants et aux aînés, répondre aux besoins émotionnels, physiques et sexuels de la personne salariée. Ce travail a traditionnellement été pris en charge par les femmes au sein de la famille hétérosexuelle pour que les hommes puissent être frais et dispos à aller travailler le lendemain. En l’occurrence, si ces formes de travail se sont complexifiées, elles n’ont pas disparues et sont de plus en plus prises en charge par des femmes racisées suivant la division internationale du travail. ↩︎

  3. L’uqamocentrisme désigne une concentration des prises de décisions et des ressources dans le mouvement étudiant à l’intérieur de l’UQAM. ↩︎

  4. Juno Mac et Molly Smith, Revolting Prostitutes, Verso, 2018, p.93. ↩︎

  5. La définition conventionnelle de la division internationale du travail se rapporte au déplacement de la production industrielle des pays du Nord vers les pays du Sud, où les salaires et protections des travailleuses et des travailleurs sont moindres. Plusieurs féministes ont cependant démontré l’importance du travail exporté des pays du Sud vers les pays du Nord, notamment celui du travail de reproduction des femmes. ↩︎

  6. « Quand on regarde le capitalisme du point de vue des personnes sans salaire et qu'on prend en compte les luttes anticoloniales, le mouvement Black Power et le mouvement des femmes, on voit nettement apparaître la question de l'intersectionnalité. [...] Je crois que la meilleure façon d'adopter une une position intersectionnelle est de reconnaître qu'il y a des hiérarchies construites par la classe capitaliste à l'intérieur du prolétariat mondial. Ces hiérarchies ne peuvent être renversées par des slogans. Ces hiérarchies sont renversées par une relation entre les groupes en lutte reconnaissant le droit à l'autonomie organisationnelle. » Voir Silvia Federici. [CUTE Comité unitaire sur le travail étudiant]. We can't be ignored any longer. (2017). [Youtube] https://tiny.cc/weca ↩︎

    1. Voir le texte « Exploitation des femmes et racisme dans la santé : une pillule difficile à avaler » de Félix Dumas-Lavoie et Youri Jones Vilmay dans le CUTE Magazine, no 1, hiver 2017.
    ↩︎
  7. Voir le texte « En stage, on m’a retourné dans le placard » de Sandrine Belley et Charlie Savignac dans le* CUTE Magazine*, no 4, automne 2018. ↩︎

  8. Voir le texte « Une lutte pour toutes les moms aux études » de Mélissa Renaud et Geneviève Vaillancourt dans le CUTE Magazine, no 2, automne 2017. ↩︎

  9. SomMovimiento NazioAnale, Grève sociale : grève du/des genre/s, (2014), traduit en 2019 par le collectif* Burn Out*, http://tiny.cc/gsgg ↩︎

  10. Lou Hanna, « Revendiquer la transition de genre comme un travail : ce corps qui n’est pas le mien »,* Contretemps*, 2017,http://tiny.cc/lou ↩︎

  11. Ibid. ↩︎

  12. Voir Evan Urquhart, « Decriminalizing Prostitution is Center to Transgender Rights », Slate, 2018 http://tiny.cc/depg et Dalia Tourki, « L’inclusion des personnes trans ne peut se faire en se positionnant contre l’industrie du sexe », Huffington Post, 2019, http://tiny.cc/inct ↩︎

  13. Le principe du token consiste à inclure une petite proportion de personnes minorisées dans un groupe pour se donner une image d’inclusivité sans réelle transformation structurelle à l’intérieur du groupe. ↩︎

  14. Durant la semaine de grève à l’automne 2018, des militant.e.s organisaient un party de grève sur le campus de l’UQAM. Alors que des personnes ont questionné l’inaccessibilité et le risque de violences sexuelles que peut occasionner ce genre d’évènement, il n’y a eu pour seule réponse que si des personnes ne sont pas à l’aise, elles peuvent toujours quitter. ↩︎