«Nous sommes le comité féministe en travail social et des étudiantes de l’UQAM.
Nous nous rassemblons aujourd’hui pour dénoncer la culture du viol qui sévit encore dans notre société. Suite aux revendications étudiantes et aux pressions du gouvernement, l’UQAM a mis en place un processus de révision de la Politique 16 contre le sexisme et les violences sexuelles. Le projet en révision est porté par un comité institutionnel et ne correspond pas du tout aux besoins des personnes survivantes.
Il importe de revenir sur les écueils de la politique, mise en place par le Bureau d’intervention et de prévention en matière de harcèlement de l’UQAM, écueils qui ont déjà été soulignés cet automne lors d’une action que nous saluons. La politique no 16 en place actuellement n’offre pas suffisamment de protection aux survivantes qui décident d’entamer un processus de plainte, si ce n’est que de les isoler de leurs groupes-classe. La politique 16 contraint les survivantes à signer des ententes de confidentialité sur le processus en échange de quoi, on daigne ouvrir une enquête de recevabilité quant à leur plainte
La politique 16 protège beaucoup son institution, trop peu les survivantes!!!!
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À ce jour, la politique 16 ne protège toujours pas les stagiaires dans leurs milieux de pratique.
Le statut ambigu des stagiaires dans leur milieu, étant ni étudiant.es ni employé.es, les place dans une situation vulnérable. Nous sommes sujet.te.s aux plaintes, aux poursuites, aux critiques et à la pression d’une perfection inatteignable. La souffrance des travailleur.ses n’est pas étrangère à la non-reconnaissance du travail.
Car nous, stagiaires, sommes pris.es dans une situation d'exploitation où nous tâchons de survivre comme nous le pouvons.
Ainsi, des stages sans rémunérations ni protection nous placent dans des situations de grande précarité. En plus, nous sommes nombreux.ses à être femmes, issu.es de l’immigration et individus des communautés LGBTQIA2+. Alors que les institutions nomment être «conscientes» que ces groupes sociaux sont plus sujets à des situations de violence, l’UQAM ne se gêne pas pour nous exclure de leur politique lorsque nous devenons stagiaires. Être reconnu.es comme travailleur.ses et ainsi intégrer les normes du travail est l’action à mettre de l’avant si les institutions veulent démontrer une réelle considération à notre égard.
En cette grève des stages féministe, nous dénonçons l’omniprésence de la culture du viol, que ce soit dans les milieux de stage, de travail et les milieux d’enseignement. Nous réclamons les moyens nécessaires d’intervention que l’on soit étudiant.es, stagiaires, travailleur.ses. La situation actuelle perpétue la déresponsabilisation des auteurs de violence.
Exigeons le droit d’évoluer dans des milieux où l’on n’encourage pas, mais où on dénonce la culture du viol. Exigeons le droit d’être en sécurité dans nos milieux d’apprentissage. Exigeons le droit d’avoir accès à des ressources pour nous soutenir concrètement.
C’est assez, la peur doit changer de camp, le pouvoir aussi. »
POUVOIR AUX ÉTUDIANT.ES, POUVOIR AUX STAGIAIRES
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Action du 20 novembre 2019 UQAM
Discours prononcé par Mireille Boivin et Evelyne Gauvin