Il y a une faille évidente au Saguenay-Lac-Saint-Jean lorsqu’on parle de solidarité. L’exemple même est la dissolution de la coalition des associations étudiantes du Saguenay-Lac-Saint-Jean (CAESL), qui s’est produite peu après le retrait de l’association générale des étudiantes et étudiants du Cégep de Chicoutimi (AGEECC) dans l’organisation régionale. Un peu plus tard, l’association étudiante du cégep de Saint-Félicien (AECSF) a pris la décision de nous retirer de toutes les plateformes pertinentes traitant des réalités et des enjeux régionaux. Nous n’avons à ce jour aucune explication d’une telle décision prise sans avertissement ni discussion préalable. Les militant.es de l’association étudiante du Cégep de Jonquière (AGEECJ) éprouve un sentiment amer face au silence absolu des associations du Saguenay-Lac-Saint-Jean sur la raison de leur retrait et du nôtre, en contre partie. Il serait donc pertinent, selon nous, d’aborder une approche critique, juste et éclairée qui saura, nous l’espérons, apporter une nuance importante dans les événements qui se sont produits tout au long de l’année.

Durant la session d’hiver 2016, l’AGEECJ et l’associations des étudiant.es du Cégep de Saint-Félicien ont essayé de poser les bases d’une relation qui aurait pu être enrichissante, mais qui, hélas, s’est soldée par une scission complète qui nous a laissé un goût amer. Le but était tout d’abord, à la suite du texte de réflexion de Saint-Félicien sur le laxisme de la CAESL, de rétablir les liens régionaux du Saguenay-Lac-Saint-Jean et de bâtir une alliance forte et engagée. Malheureusement, les décisions et le manque de transparence manifestés à de multiples reprises de l’AECSF nous ont porté à réfléchir sur la pertinence d’une telle alliance.

Tout d’abord, bien que nous admirions au départ l’association étudiante de Saint-Félicien pour son engagement, sa mobilisation et son entraide, nous déplorions les discussions aseptisées qui étaient échangés, où le discours récurant appelait à une uniformisation de la méthode, de la pensée et de la lutte étudiante. Nous avons cru à tort que cette tactique nous permettrait bel et bien d’être solidaires si nous œuvrions pour le même but, pour les mêmes objectifs et pour les mêmes idées. Cependant, petit à petit, nous nous éloignions des enjeux qui nous touchaient au profit de ceux de Saint-Félicien et de l’association de Chicoutimi. Les débats lors des rencontres de la CAESL étaient balisés, restreints ou simplement mis de côté, car ladite solidarité uniformisée primait sur la divergence des opinions, des tactiques et des mandats. Étant l’une des seules associations étudiantes indépendantes du Saguenay-Lac-Saint-Jean, il est tout à fait normal que nos positions et nos tactiques diffèrent de celles de l’association de Saint-Félicien (affiliée à l’ASSÉ), et de celles de l’association de Chicoutimi (affiliée à la FECQ). Comment parler de démocratie directe et de syndicalisme de combat alors que l’Association générale des étudiant.es de Chicoutimi (AGEECC) a le doigt suspendu au dessus des nombres 9-1-1 lorsqu’on parle de moyens de pression? Comment parler de luttes étudiantes lorsque l’association des étudiant.es de l’université de Chicoutimi ont mandat de donner leur itinéraire et que l’Association du cégep de Saint-Félicien préfère ne pas le donner. À l’AGEECJ, les militant.es trouvent impensable de donner l’itinéraire. Nous voyons cela comme un échec direct du moyen de pression que de révéler nos actions aux groupes qui ont le pouvoir de les empêcher de se concrétiser. Par ailleurs, la tension soutenue et pesante qui régnait en rapport avec les différentes affiliations étaient ridicules. On connait l’animosité presque naturelle qui règne entre l’ASSÉ et la FECQ et cela, lors de rencontre commune, se faisait plus que sentir. Bien entendu, la décision de l’AGECC de menacer les étudiant.es avec un voyage en Floride pour que ceux et celles-ci se mobilisent à leur assemblée générale a contribué à créer l’écart.

Lorsque l’association de Chicoutimi a décidé de se retirer de la CAESL pour des raisons de divergence d’opinions, aussitôt, l’AECSF et l’association du collège d’Alma (AECA) se sont rencontrées pour décider, sans la présence de l’AGEECJ, de la création d’un nouveau conseil régional de l’ASSÉ. Nous en avons été informé.es une semaine après, en nous stipulant qu’avec notre accord ou sans, ce projet aurait lieu. Il était donc clair que l’AECSF, qui avait initié ce mouvement, venait de faire une croix sur la CAESL, précipitant sa chute.

Bien sûr, cette action n’est pas la seule qui fut un manque flagrant de transparence de la part de l’AECSF. Outre le fait que nous étions mis bien trop souvent devant le fait accompli, il y a eu à plusieurs reprises lors des deux congrès de l’ASSÉ auquel nous avons participé à titre d’observateurs et d’observatrices, des actions de l’association étudiante de Saint-Félicien qui allait à l’encontre de leur mandat. Bien sûr, illes ne s’en vanteront pas. À Desbiens, par exemple, la mise en dépôt systématique des propositions du syndicat étudiant du cégep de Marie-Victorin (SECMV), n’était pas dans les mandats de l’AECSF. Bien qu’illes se soient expliqué.es et excusé.es pour leurs actes lors de ce congrès, leurs membres n’ont pas été consultés et ceci constitue une faute importante. Le retrait des cotes du SECVM et de l’association étudiante du cégep de Saint-Laurent (AECSL) est devenu pour l’AECSF une lutte beaucoup plus personnelle qu’officielle. Bien qu’il ait eu à Desbiens une longue conversation à l’extérieur du congrès expliquant les positions de chacun, il n’y a eu aucune ouverture de la part de l’association de Saint-Félicien. Plutôt que de se concentrer sur une solution possible, la vision de cette dernière n’était que de voir Montréal comme un ennemi et un oppresseur systémique. Du point de vue des militant.es de l’AGEECJ, il était tout à fait légitime pour le SECMV et l’AESCL de retirer ses cotes pour des questions de transparence et de féminisation.

Nous avons éprouvé un fort malaise lorsque l’AECSF nous a demandé de l’appuyer dans ses démarches peu avant le congrès de l’ASSÉ à Québec, en avril 2016. Étant donné leur manque de transparence arrivé à de maintes reprises et l’impossibilité pour l’AGEECJ de débattre sur ce sujet sans être automatiquement considéré comme un.e ennemi.e, nous avions refusé de s’associer de près ou de loin à la proposition de suspension du SECMV et de l’AECSL, que nous trouvions absurde. Absurde que l’on suspende deux associations qui demande un peu plus de transparence et de féminisme, ce qui leur est refusés depuis assez longtemps pour que retirer ses cotes soient le seul moyen d’être considéré.es. À noter aussi que l’association étudiante du cégep de Saint-Félicien n’avait aucun mandat pris en assemblée générale pour effectuer une telle proposition. Autre manque de transparence que nous désapprouvons.

Suite à notre décision de supporter le SECMV et l’AECSL, L’AECSF nous a retiré sans aucun préavis de toutes les plateformes traitant des réalités régionales. Il n’y a eu aucune possibilité de débattre et de discuter. L’attitude de l’association de Saint-Félicien nous a donc paru injustifiée et surtout déplacée.

Signé par :

Jadd-Abigaël Céré, militante de l’AGEECJ

Jonathan Bolduc, militant de l’AGEECJ

Gabrielle Paul, militante de l’AGEECJ